Salon du livre

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Le Salon du Livre est-il encore d’actualité ?

Par Marguerite Archambault

            Alors que le Salon du Livre, ou plutôt Livre Paris, depuis 2016, vient de s’achever, c’est sans aucun doute l’occasion de faire un bilan du marché du livre, alors que sa faillite totale est prédite depuis un certain nombre d’années, avec une constance que n’aurait pas reniée Cassandre, pour cause d’inadaptation à la société actuelle.
            Pourtant, la vitalité de cette manifestation révèle autant la santé du marché du livre que l’inscription de cette « exception culturelle » française dans les enjeux politiques et économiques actuels. Car si le marché du livre va mal, le livre lui continue de susciter passions et intérêt.

 

Une histoire française, le Salon du Livre

            Créé en 1981 par le SNE[1], à la faveur d’un renouveau de la politique culturelle sous l’influence de Jack Lang, ce salon a la particularité d’être ouvert aux professionnels et au grand public, contrairement à d’autres salons littéraires comme la Foire de Francfort par exemple. Sur quatre jours, le programme offre conférences, débats et dédicaces, en mettant chaque année un pays et une ville à l’honneur. C’est surtout ce dernier élément qui agite régulièrement le cénacle politique et littéraire : en 2002, une manifestation anti Berlusconi éclate alors que l’Italie est à l’honneur ; en 2008, les pays arabes lancent un boycott contre Israël et sa politique palestinienne ; en 2018, le président Macron ignore le stand du pays invité, la Russie, pour cause de tensions diplomatiques. Cette année, le choix du sultanat d’Oman comme pays invité a suscité l’incompréhension, étant donné la censure politique et la conception toute relative des droits de l’Homme qui y règnent, selon le Centre omanais des droits de l’Homme. Cependant, le Salon du Livre n’est pas la seule institution à accepter ces mauvais élèves. L’UNESCO, par exemple, a nommé Charjah (la capitale de l’émirat du même nom), capitale mondiale du livre de 2019, alors que la censure règne et que le plus important groupe d’édition appartient à la fille de l’émir. Il faut dire que ces pays investissent beaucoup dans la culture, considérée comme un soft power important. Nécessité fait loi.
            De même, le choix cette année du SNE de placer Amazon au centre du pavillon 1, en bonne place donc, a été vivement critiqué par les éditeurs qui ne voient pas d’un bon œil le géant américain de la distribution. Cette réaction incarne la méfiance devant une mondialisation effrénée qui semble écraser l’exception culturelle française, méfiance déjà attisée par l’utilisation du « globish », sorte de mélange franco-anglais, dans les contenus écrits du Salon du Livre. Un comble pour un salon qui promeut la littérature.